Courir ? Moi, jamais !

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Qui était la dernière lors du cross de fin d’année à l’école? Qui était nullissime pour faire une course lors d’un tournoi d’athlétisme au collège? Et qui se précipitait à l’infirmerie pour se faire dispenser? Courir, très peu pour moi. Génétiquement pas faite pour ça! Le souffle court, des points de côté, le visage écarlate, les jambes lourdes, les muscles en compote, la tête dans un étau… Non, définitivement non…

Les années passant, j’ai rencontré Petit Mari, super joggeur régulier et je me suis dit: « Pourquoi pas retenter ma chance? »
Et là, ô miracle… Ben non! Toujours et encore les mêmes douleurs dans la tête et les jambes à me donner l’impression de trainer des enclumes avec moi. Mon corps allait se disloquer et mon torse  s’empaler sur mes jambes. Je soufflais telle une locomotive à vapeur et ma tête était prête à exploser, alors que Petit Mari gambadait gaiement à mes côtés, frais comme un gardon. Bref j’avais bien raison, je n’étais qu’une Sapiens Sapiens dégénérée.

Et puis, un jour…

En regardant un reportage sur Arte, Sommes-nous faits pour courir?, j’ai eu l’illumination!

Il y est expliqué pourquoi nos ancêtres sont devenus bipèdes, quelles étaient leurs techniques de chasse, quelles sont nos limites et nos capacités en endurance ainsi que nos atouts physiques. Mais surtout, et c’est là où ça m’a littéralement bluffée, on nous explique que l’on court comme des pieds!  (c’est le cas de le dire, ha!) « Damned », on nous aurait menti!

Tout d’abord, il n’y a aucune différence génétique entre un marathonien et moi (des excuses, que des excuses!). Nous sommes physiquement tous, sans exception, conçus pour la course. Notre corps est caréné pour cela.
Ensuite les meilleurs coureurs de fond sont ceux qui se sont entrainés pieds nus! Originaires d’Éthiopie pour beaucoup, ils sont souvent trop pauvres pour s’acheter de bonnes chaussures et donc ils courent pieds nus ou en sandalettes sur n’importe quel terrain.

…Et, pour ne pas se blesser, ils courent sur l’avant du pied

Les coureurs Éthiopiens ont de ce fait des pieds souples, forts et mobiles qui s’adaptent au terrain (ils n’ont pas d’oignons, de douleurs quelconques, de problèmes d’articulations…). Les chaussures sont paradoxalement nos pires ennemies faisant de nos petons des faiblards. Rembourrées sur des centimètres, elles faussent nos sensations, et nous poussent à courir sur nos talons (« Pose bien le talon en premier et enroule/déroule ton pied. » Qui n’a jamais entendu cette phrase?) Mais la course pieds nus sur les talons est tout simplement impossible car il n’y a aucun amortisseur. L’impact sur le talon se propage instantanément telle une onde de choc jusqu’à notre tête et conduit à un arrêt douloureux et imperceptible du corps. En fait, à chaque foulée avec réception sur talon, on génère de l’énergie à perte tout en faisant souffrir notre musculature et s’ entrechoquer notre squelette! Un vrai sabordage!

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Il s’agit dès lors d’aider notre corps à retrouver ses repères pour qu’il sollicite instinctivement les parties anatomiques dont il a besoin pour courir.

Lors de la foulée, il posera l’avant du pied en premier, et engagera notre voûte plantaire à agir comme un ressort. Elle va alors stocker et restituer l’énergie mécanique qui traverse notre pied lorsqu’il frappe le sol. Idem pour notre talon d’Achille, encore plus puissant. Une énergie totalement gratuite et sans effort, juste pour pouvoir courir.
En complément, nos grands-fessiers stabiliseront automatiquement notre buste, ainsi que le ligament nucal relié au muscle de l’épaule empêchera notre tête de basculer en avant et génèrera un mouvement de balancier à nos bras. Pas de ratatinage possible!
Toute cette procédure se fait de façon totalement passive. Par conséquent, il faut apprendre à courir relax, car notre corps sait absolument comment faire. Faisons-lui confiance.

Eurêka!

Était-ce pour cela que j’avais si mal aux jambes, aux genoux, aux hanches, à la poitrine et à la tête, à la moindre foulée? Était-ce ce qui m’avait arrêtée depuis des années, me faisant croire que j’étais moins douée que les autres?  Il fallait que je tente le coup.

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Après des années d’oisiveté qui avaient transformé mes muscles en gélatine, cela n’a pas été facile, je peux vous le dire!

J’ai dû renforcer mes abdos (littéralement coupés lors de ma césarienne) et travailler mon gainage afin de ne pas avoir mal au dos et soutenir ma colonne vertébrale, acheter des chaussures adaptées (ce qui n’a pas été évident, car j’ai une foulée pronatrice et je voulais le moins de rembourrage possible pour renforcer en douceur mes pieds) et enfin suivre un entrainement pas à pas. Ma première course a été [courir 30 secondes, marcher 1 minute] x10… et j’ai bien cru que j’allais en mourir! Je ahanais toujours comme un phoque mais, grâce à la pratique régulière du yoga, j’arrivais enfin à gérer mes points de côté.

Mais le plus important, c’est que j’étais arrivée à courir sans ces satanées douleurs diffuses dans tout mon corps! J’apprenais à poser mon pied différemment sur le sol, jamais le talon en premier et je sentais, malgré ma mauvaise condition physique, cette toute petite énergie passive et rebondissante dans mes pieds qui m’aidait à chaque foulée. J’écoutais enfin mon corps et il me soutenait.

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Bon, il y a eu d’autres douleurs évidemment… Les courbatures!! Les jours qui suivirent, mes mollets s’étaient mués en boules de pétanque et mes cuisses en barres à mine! Mais j’étais tellement heureuse que j’acceptais ma douleur humblement… à en pleurer parfois. Monter les escaliers était devenu un supplice et m’assoir sur le trône relevait de l’exploit!

J’ai continué mes efforts, régulièrement, car je savais au plus profond de moi que c’était ce dont j’avais besoin. Mon corps se réveillait, enfin je nous donnais une clé vers la réussite.

Aujourd’hui je peux courir 6 km, je ne vais pas très vite, mais je cours! Et je sais désormais que j’ai moi aussi du sang de grands coureurs de fonds qui coule dans mes veines. 🙂

Bloomingez-vous ♥

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