Les auteures, Adèle Faber et Elaine Mazlish, ont conçu ce livre comme un guide pratique à l’attention des parents afin qu’ils trouvent la meilleure façon de communiquer avec leurs enfants. Pour éviter les cris, les larmes, les sarcasmes ou le chantage, les punitions et l’esprit de revanche, pour ne pas non plus baisser les bras, devenir totalement laxiste et laisser les enfants sans aucun guide. Entre ces deux extrêmes, elles proposent des alternatives pratiques afin de prendre conscience des situations conflictuelles, de nos paroles blessantes (alors qu’on avait voulu bien faire !) et mettre en place une nouvelle façon de dialoguer avec nos enfants, de les encourager, de les faire participer à la vie de famille, de les aider à grandir dans le respect et l’amour. Par conséquent, le livre est bourré de conseils pratiques, d’entraînements pas à pas, d’exemples concrets et de solutions adaptées. Des séries de bandes-dessinées décrivent aussi les comportements à éviter et ceux mieux appropriés pour continuer le dialogue et trouver des compromis. Le livre propose ainsi une nouvelle approche de la communication avec les enfants et les adolescents bien utile pour développer leur confiance en soi ainsi que l’harmonie au sein de nos relations. L’objectif primordial étant « la recherche constante de méthodes qui affirment la dignité et la profonde humanité des personnes, celles des parents autant que celle des enfants. »
Un des premiers principes développé est :
La reconnaissance des sentiments
Il s’agit d’abord d’apprendre à écoutez attentivement (non pas d’une oreille et les yeux qui louchent sur notre téléphone!) ce que nous communique nos enfants avec leurs propres mots.
Accueillez leur discours à l’aide d’un mot (pas de jugement, de bénédiction ou conseil), juste des hum, je vois ou je comprends suffisent.
« Quand une personne, quel que soit son âge, connaît un moment de détresse, elle n’a pas besoin d’un accord ou d’un désaccord : elle a besoin que quelqu’un reconnaisse ce qu’elle est entrain de vivre. »
Puis essayez de nommer le sentiment qui bouillonne en eux derrière leurs histoires (frustration, joie, peur, déception, colère…)
On nous apprend aussi, entant que parents, à être tolérants envers nous-même, nous ne sommes pas parfaits, les mots sortent souvent plus vite que nous le souhaiterions. On a des remords, on a raté le coche, Oh j’aurais dû dire ça… pas de culpabilité à avoir, on se rattrape. Il se présente toujours une autre occasion (le jour même, dans la soirée ou dans la semaine…) pour pouvoir dire « J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit ce matin à propos de… et je me rends compte maintenant que tu as dû te sentir… »
Souvent on manque d’aide dans les tâches quotidiennes et quelques astuces y sont développées :
Comment susciter la coopération
On sait tous que les menaces, les ordres, les sermons, les sarcasmes… ne fonctionnent pas vraiment, peut-être à court termes mais ils laissent toujours un goût amer. On entre souvent dans une gué-guerre à savoir qui sera le plus fort, qui aura raison, qui aura le dernier mot…
Décrire simplement ce qu’on voit aide à enclencher une éventuelle action : « il y a une serviette humide sur le lit ». On peut aussi donner des renseignements sur les conséquences éventuelles : « la serviette mouille la couverture », ou le dire en un mot (sans aucun reproche dans le ton de sa voix) : « La serviette ! », ou encore parler de ce que l’on ressent : « Je n’aime pas dormir dans un lit humide ». Enfin, écrire une note. Parfois un message écrit a plus d’impact que des paroles jetées au vent : « Replace-moi sur le porte-serviettes pour que je puisse sécher. Merci. Ta serviette ».
On ne le dira jamais assez, la punition est une solution de facilité
Des alternatives à la punition
Après une erreur, un enfant devrait toujours avoir la possibilité de regretter son action et de réfléchir aux façons de s’en amender. La punition va non seulement empêcher ce processus mais déclenchera aussi un désir de vengeance. En punissant, on prive l’enfant de regarder sa mauvaise conduite en face et de la solutionner.
Une des alternatives proposées est donc de proposer à l’enfant de trouver un moyen de faire différent la prochaine fois (faire une liste par exemple avec différentes propositions pour que le problème de se reproduise pas la prochaine fois). Il est nécessaire aussi de donner à l’enfant la possibilité de réparer par lui-même (comment peux-tu t’y prendre pour nettoyer le tapis ?)
Par là, il s’agit aussi de :
Encourager l’autonomie :
Montrer à l’enfant que l’on respecte ses efforts.
Ne pas dire « Mais enfin, l’addition des fractions c’est facile ! Laisse-moi t’aider. ». Eh oui, pour nous adultes, cela nous semble si simple, pourquoi la prunelle de mes yeux ne comprendrait-elle pas ? Mais un jour, nous avons été dans cette même situation et cette tâche nous paraissait aussi insurmontable, non ? Alors, reformulez en reconnaissant les difficultés : « c’est parfois difficile d’additionner des fractions. Ce n’est pas facile de trouver le dénominateur commun. » Si on respecte les efforts d’un enfants, il trouvera le courage de terminer lui-même un travail ardu… qui finira un jour par ne plus l’être.
Ne pas s’empresser de répondre aux questions.
Fâcheux réflexe de répondre automatiquement à une question. Tournez votre langue 7 fois dans votre bouche avant de dire posément : « c’est une question intéressante, qu’en penses-tu ? » Haha ! Ma fille m’a remise souvent à ma place en me rétorquant : « Ben si j’te demande, c’est que j’sais pas ! » Il a fallu que je m’arme de patience pour la faire réfléchir par elle-même et surtout m’empêcher de lui sortir tout mon savoir sur la question… prétentieuse, que je suis !
Enfin, toute cette démarche pour le plus important :
Développer l’estime de soi
Donnez vous-même l’exemple…
du comportement que vous souhaitez inculquer à votre enfant:
« Je suis déçu d’avoir perdu, mais je vais tout de même me montrer bon joueur. Félicitations ! »
Aider un enfant à se dégager d’un rôle qui l’empêche de s’épanouir
On lui a si souvent dit ou fait comprendre qu’il était paresseux, jaloux ou têtu… il va finir par y croire et se comporter réellement comme tel ! Aidez-le plutôt à se considérer différemment en lui proposant des situations qui lui permette de montrer et développer ses vraies capacités :
S’il est distrait, nous pouvons lui demander : « Nous avons besoin de 2 litres de lait. Penses-tu que c’est plus sûr de mettre l’argent dans ton porte-monnaie ou dans ta poche ? » S’il est espiègle, lui dire : « Jérémie, je ne serai pas à la maison cet après-midi. Alors je te charge de nourrir le chien et de le promener. » Ainsi, solliciter sa réflexion différemment, l’amènera à se valoriser et à mieux connaitre ses aptitudes sans aucun a priori.
La partie qui m’a paru la plus étonnante personnellement fût celle sur les conseils. Selon les auteurs,
Il ne faut pas donner de conseils !
Il ne faut pas non plus donner des solutions toutes faites.
Alors que l’on pense bien faire et aider notre enfant, au contraire, on va les empêcher de devenir autonome.
En entendant nos bons conseils, il peut se sentir stupide (« Pourquoi n’y ai-je pas pensé moi-même? »), il peut éprouver du ressentiment (« Ne me dis pas comment mener ma vie! ») ou encore il peut devenir irritable (« Tu crois que je n’y ai pas déjà pensé? »)
Quand un enfant décide par lui-même ce qu’il veut faire, sa confiance en soi grandit et il devient capable d’assumer la responsabilité de sa décision.
Entre faire la sourde oreille et donner aussitôt un conseil, un juste équilibre éclaircit la situation:
• L’aider à mettre de l’ordre dans ses idées et ses sentiments confus.
• Formuler le problème comme une question (Comment trouver le moyen de…) Se taire, laisser l’enfant réfléchir.
• Indiquer des ressources que l’enfant peut utiliser.
• A ce moment-là seulement, il est possible de proposer une de nos solutions (Que penses-tu de…)
« En donnant des conseils ou des solutions instantanées, on prive les enfants de l‘apprentissage résultant des efforts qu’il leur faut fournir pour régler leurs propres problèmes. »
Les compliments à double tranchant
Attention à la formulation des compliments. On nous rebat les oreilles qu’il faut donner une image positive d’eux-même à nos enfants, mais il ne faut en aucun cas utiliser des mots qui évaluent, du genre « tu es intelligente, tu es doué, t’es fort en maths… » Carol Dweck, est d’ailleurs du même avis dans son livre Changer d’état d’esprit, une nouvelle psychologie de la réussite.
Il suffit simplement de 1) décrire de façon admirative ce qu’on voit ou ce qu’on ressent.
Après avoir entendu la description, 2) l’enfant est alors capable de se faire un compliment à lui-même. 3) Résumez en 1 mot (J’appelle ça de la persévérance… prendre ses responsabilité, détermination, courage…)
Évidemment, je ne vous ai donné qu’un bref aperçu de quelques astuces proposées dans ce livre. Vous y trouverez tout un tas d’exemples concrets, des petites BD explicites et de phrases-types pour vous faciliter la vie et qui imagent parfaitement les situations quotidiennes auxquelles on doit faire face. Une mise en pratique est nécessaire et les exercices proposés nous assistent dans la prise de conscience de nos faux pas et nous aident gentiment à redresser la barre. Car il s’agit bien d’apprendre une nouvelle façon de s’exprimer, de changer ces mêmes mots que l’on utilise depuis des années envers les autres mais aussi envers soi-même… et ce n’est pas une mince affaire ! Mais ça vaut le coup ! On peut bien faire ces efforts nous aussi pour leur bien-être et leur épanouissement, ainsi qu’un peu pour notre propre fierté.